La maison de pierres
maquette et recherche par
Maude Masson & Catherine Chevalier
TERRITOIRE
Les maisons de pierres sont les plus vieux témoins d’un type d’habitation attribuable au peuple des Dorsétiens, ancêtres avant les Thuléens du peuple inuit. Vers -800 avant notre ère, ceux-ci occupaient la plus grande partie de l’Arctique canadien ainsi qu’une partie du Groenland. Néanmoins, on associe surtout cette culture aux régions du Bas-Arctique du Nunavut, du Nunavik, du Labrador et de Terre-Neuve.
CONSTRUCTION DE LA MAISON
Pendant des siècles, la maison de pierres a pu être adaptée aux contraintes environnementales, sans toutefois qu’on y écarte son essence fonctionnelle et culturelle. Sa forme de poire rappelle celle que prend l’igloo, mais sa composition structurale faite de pierres la distingue totalement. Les murs étaient épais à la base et soutenaient, par un système de contrepoids, un toit composé de longues dalles rocheuses recouvertes par d’autres dalles plus larges encore. Une couche de tourbe isolante venait compléter l’habitation et la solidifiait en faisant office de mortier. La portée du toit étant restreinte, la superficie de ces habitations demeurait petite.
CHOIX DU SITE
Dans le but de se protéger du vent, les maisons de pierres sont souvent adossées à une pente. Cette implantation rendait aussi la construction plus aisée en offrant une base solide. Conséquemment, la topographie avait une valeur primordiale dans le choix d’un site. Lorsque c’était possible, on priorisait une orientation face à l’eau.
ORGANISATION INTÉRIEURE
L’avant de l’habitation était marqué par un long tunnel semi-souterrain. À l’arrière se trouvait une plateforme pavée de pierres qui tenait lieu d’espace de vie principal. Celle-ci était construite sous un niveau inférieur à celui du sol extérieur. Le tunnel était, quant à lui, plus bas encore que la plateforme. Cette stratégie permettait de garder l’air chaud de la pièce de vie au-dessus de l’air plus froid du tunnel. Recouverte de plantes séchées et de peaux, la plateforme servait autant d’espace de travail et de jeux durant le jour, que d’espace de repos durant la nuit. Deux autres plateformes plus petites sur les côtés étaient utilisées pour faire un feu, pour l’entreposage d’objets ou comme espace supplémentaire pour dormir. Au dessus de l’entrée du tunnel, on retrouvait une fenêtre faite de peaux ou d’un bloc de glace. Laissant traverser la lumière, celle-ci indiquait aux chasseurs sur la banquise le chemin du retour la nuit venue.
ITÉRATIONS
Jusqu’à maintenant, le modèle d’habitation décrit plus haut correspond à celui de la maison de pierres unifamiliale. En réalité, plusieurs itérations multifamiliales peuvent être observées. Le plus souvent, la coupole se dédoublait et le tunnel, formant alors un Y, reliait chacune des deux pièces. D’autres modèles, sans doute attribuables à l'incorporation de la culture thuléenne grandissante, joignaient les deux coupoles pour ne former qu’une seule pièce à deux voûtes. Les plus grandes maisons retrouvées selon cette construction étaient composées de trois parties. Ultimement, certaines de ces maisons ont adopté une forme plus rectangulaire, leur donnant le nom de maisons longues, et étaient vraisemblablement utilisées pour les célébrations de la chasse.
Lee M. and Reinhardt G.A., Eskimo Architecture : dwelling and structure in the early historic period. 2003.
Zrudlo L.R., A model for an integrated design approach to settlement planning in the arctic. 1982
Lee M. and Reinhardt G.A., Eskimo Architecture : dwelling and structure in the early historic period. 2003.