Maisons à trois niveaux,
Par Léo Zrudlo et al.
Maquette et recherche par
Luca Fortin & Sylvain Bossé
CONTEXTE DE CONCEPTION
Issue d’un projet de design tenu dans un atelier de 2e de l’école d’architecture au début des années 70, le professeur et architecte Léo Raymond Zrudlo s’était donné pour mission de produire une habitation adaptée au mode de vie inuit de la communauté de Puvirnituq, dans le Nunavik au niveau du 60e parallèle.
Dans le cadre de cette recherche, il n’a pas été possible de retracer l’origine exacte de la configuration à niveaux multiples qui fut priorisée. Toutefois, l’engouement relatif à cette typologie (split level) qu’il y avait au Québec à cette époque n’y est probablement pas étranger.
CONCEPTION ET VALIDATION
La première étape, axée sur l’étude des besoins de la population impliquait directement les habitants de Puvirnituq, notamment par un travail de discussion autour de maquettes. À la suite de ce processus, on procéda à la construction de deux prototypes de maisons à trois niveaux. Un modèle de 24’ X 28’ et un autre de 24’ X 24’ qui fut représenté ici en maquette. La seconde phase du projet, réalisée avec l’aide des étudiants de l’Université Laval, consistait à évaluer leur occupation à l’égard d’aspects socioculturels et techniques.
STRATÉGIES CONSTRUCTIVES
Culturellement, l’emplacement idéal pour les habitations inuit a toujours été près des cours d’eau. Les pièces communes ont donc été orientées vers la rivière avoisinante et le soleil du sud. L’entrée principale, au premier niveau, est située à l’arrière de la maison et protégée des vents du nord par un porche non-chauffé. Cette organisation place les pièces habitées sur un niveau plus élevé et limite les pertes de chaleur. Une autre entrée en façade permet d’accéder directement au deuxième niveau. Surélevée du pergélisol par des vérins ajustables, la maison laisse passer l’air sous son plancher et empêche ce même sol de dégeler. Sous le 2e niveau un espace atelier, non chauffé est aménagé.
À l’époque, l’architecte innove en intégrant un système de distribution d’eau chaude et de récupération des eaux grise. Le chauffage, assuré par une chaudière au mazout ne parvient pas cependant pas rendre la maison assez chaude en hiver du fait que les murs sont mal construits et trop peu isolés.
Enfin, bien que l’espace de vie du deuxième niveau soit apprécié, les Inuits, non-familiers avec ce type d’habitation, craignent qu’un de leurs enfants tombe d’un niveau et déplorent le manque d’espace de rangement. L’atelier, mal protégé des vents, demande à être adapté. Conséquence inattendue lors de la conception, ces mêmes vents puissants tendent à faire vibrer la construction, ce qui constitue nécessairement un désagrément.
Malgré tout, les maisons à trois niveaux de Léo Zrudlot ont permis de mieux comprendre les besoins dont requiert la population inuit en termes d’habitation, tout en les améliorant sur plusieurs points.