top of page
IMG_0768.jpg

Résidence Inukshuk, par l’architecte Richard Carbonnier

Maquette et recherche par :

Maxime Touchette & Dominique Gaultier

 

 

TERRITOIRE

Au-dessus du 72e parallèle, dans la petite municipalité de Pond Inlet à l’extrême nord de l’Île de Baffin, l’architecte Richard Carbonnier a saisit l’opportunité de concrétiser ses projets d’études sur l’habitat en milieu nordique lors d’un projet d’autoconstruction. L’habitation qu’il élabore est le fruit de plusieurs années de recherche sur les principes d’isolation efficace, l’aérodynamisme et les systèmes de gestion de l’eau domestique. C’est en observant le mode de vie traditionnel inuit en complète autarcie que lui est venue l’idée d’une construction simple, en communion avec la culture locale et l’environnement précaire de l’île.

 

PROBLÉMATIQUE ACTUELLE

Aux prises avec un problème de surpopulation des logements, la communauté de Pond Inlet, comme bien d’autres, est tributaire des combustibles fossiles. Le coût de la ressource ayant grimpé dans les dernières années, le coût de la vie en arctique a explosé. Nécessaire pour le chauffage, l’électricité, l’apport de matériaux venant du sud par bateau ou encore l’exécution de services publics comme l’apport en eau douce et le rejet en eaux usées à l’aide de camions-citernes, le pétrole conditionne la vie humaine en arctique. Dans une optique d’émancipation, Richard Carbonnier cherche à redonner à l’habitation nordique une vocation « plus près de la terre », comme l’était autrefois l’habitation traditionnelle de l’igloo.

 

CONCEPTION DE LA MAISON

Formée par la rencontre de trois cylindres métalliques placés en forme de « Y », l’organisation spatiale interne s’inspire de l’igloo. L’entrée, plus basse que le niveau moyen de la résidence, est pratiquée dans l’une des branches du « Y ». Celle-ci contient également une toilette et une chambre accessible depuis un petit escalier. Cette entrée mène au cœur de la résidence : la cuisine, qui distribue une salle de séjour et une chambre dans chacune des deux autres branches. Dans la salle de séjour, une fenestration plus généreuse est offerte pour ouvrir la vue sur l’île Bylot, de l’autre côté de la Baie de Baffin. Par la jonction de chaque cylindre, cette habitation fait aussi écho à un autre type d’habitation ancestrale, soit celles construites en os de baleines.

 

ÉTAPES DE CONSTRUCTION ET STRATÉGIES ÉCOÉNERGÉTIQUES

Ne pouvant s’implanter complètement sur le pergélisol par risque de le réchauffer et d’induire un mouvement des fondations, l’habitation reprend une stratégie nordique en s’appuyant sur trois piliers placés sous chacune des branches. De pair avec la forme cylindrique de la maison, ce surhaussement amenuise les effets du vent et limite l’accumulation de neige. Une plate-forme de bois soutenant le plancher est placée sur ces piliers. Un échafaudage cylindrique y est fixé et la construction des parois peut alors débuter depuis l’extérieur. Recouvert de panneaux d’acier galvanisés, la fenestration est uniquement possible à partir des sections verticales de l’extrémité des branches.

 

Les ouvertures représentent 8% de l’enveloppe et la forme arrondie de la maison lui alloue une enveloppe 20% moins importante par rapport à un bâtiment homologue ayant la même quantité de mètres carrés. Ces économies du pouce sont certainement, dans leur sobriété, les interventions les plus efficaces sur le plan écoénergétique.

 

Un espace d’air derrière le parement d’acier assure une ventilation de l’enveloppe et permet, par convection, de répartir de façon égale les pertes de chaleur sur toute la superficie du cylindre, les diminuant du même coup.

 

L’approvisionnement en eau est assuré par sa livraison, mais aussi par la fonte de la glace. La chaleur de l’eau chaude domestique est récupérée lors de son traitement et de sa filtration avant d’être renvoyée dans l’environnement.

 

Le système de chauffage dont la principale source d’énergie est fournie par un poêle aux granules de bois est une solution écologique, mais couteuse puisqu’il faut l’alimentée par une ressource uniquement disponible par bateau.

 

Enfin, lors d’une visite de la maison Inuksuk, les habitants de Pond Inlet s’y sont reconnus. Malgré l’utilisation de matériaux du sud, l’habitation, inspirée du monde du froid de l’igloo, trouve donc une certaine cohérence avec les pratiques ancestrales de ce peuple.

bottom of page