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Les igloos

maquette et recherche par

Pascale Desbiens & Simon Proulx 

 

 

TERRITOIRE

On estime aujourd’hui à environ 150 000 le nombre d’Inuit occupant les régions arctiques du Groenland, du Canada et des États-Unis. L’igloo, symbole de leur culture, est un exemple d’architecture vernaculaire où l’homme est parvenu, à travers une construction simple et efficace, à être en harmonie avec son environnement. Si autrefois l’igloo représentait la résidence hivernale de ce peuple, il est maintenant réservé aux activités de la chasse et sa symbolique est menacée par les changements climatiques.

 

 

L'HABITATION CULTURELLE

Émergeant d’un sol fait de neige et de glace, l’igloo se perd dans la vaste étendue blanche et hostile de l’arctique. S’il apparaît comme fragile, il offre en réalité un abri solide où sa chaleur contraste avec le climat rigoureux. Sa particularité vient du fait qu’il est sans cesse construit, puis abandonné. L’inuit, plutôt que de transporter son refuge, n’en transporte que les connaissances, pouvant ériger son abri où bon lui semble. On le reconnaît à sa forme hémisphérique où un cylindre évidé sert d’entrée. Pour une surface extérieure minimale, l’abri offre un volume maximal, favorisant la conservation de la chaleur.

 

 

LE VILLAGE D'IGLOOS

Prenant souvent la forme d’une agglomération de petits igloos, les habitations familiales sont construites de façon plus permanente que les igloos érigés lors de la chasse. Cela permet une compartimentation de l’espace qui favorise l’entraide et la socialisation. Par exemple, dans les villages d’igloos, un grand dôme, le Kashim, est souvent construit dans le but de favoriser les jeux, les conversations et la danse. Ce dôme principal est d’abord érigé pour ensuite être connecté à de plus petites coupoles. Des passages étroits, sous-terrain ou adjacent, pouvant servir à l’entreposage de nourriture et de vêtements les connectent ensemble. Bien que ce type de composition propose une variété infinie de configurations, les igloos doubles et triples demeurent les plus communs.

 

 

LE CHOIX DU SITE

Les deux premiers facteurs à considérer pour la réalisation de l’igloo sont l’emplacement et la qualité de la neige qui sera utilisée pour sa construction. Le site idéal est légèrement incliné et à l’abri des vents dominants. L’igloo doit également être construit à partir d’une neige accumulée en une seule précipitation nommée punkajaq. Une vérification se fait à l’aide d’une sonde, objet long et fin que l’inuit plante dans la neige. Si la sonde s’enfonce doucement, il s’agit d’une agglomération uniforme et compacte provenant d’une même chute. Elle sera assez malléable pour être coupée avec un couteau plat fabriqué en acier ou en os de caribou.

 

L’Inuit recherche aussi un site se trouvant sur la mer de glace non loin des animaux marins. Les constructions plus temporaires destinées à la chasse peuvent être réalisées en moins d’une heure, alors que celles pour la famille, prennent plus de temps, puisqu’elles sont faites plus soigneusement. Un seul homme est nécessaire à la construction d’un igloo, mais il demeure plus commode pour les inuits d’accomplir cette tâche à deux, soit un poseur et un coupeur.

 

 

LA CONSTRUCTION

L’étape suivante consiste à tracer la circonférence du cercle qui formera l’igloo. Son diamètre varie entre 2 m et 4,5 m, selon sa fonction. Deux lignes parallèles séparées de 0,6 à 1 m et perpendiculaire au cercle sont ensuite tracées au sol. C’est entre celles-ci que l’on retrouvera plus tard le tunnel d’entrée, d’où le coupeur extrait des blocs de 10 à 15 cm d’épaisseur et entre 30 à 60 cm de hauteur.

 

À la jonction entre le couloir et le cercle initial, le poseur dispose les premiers blocs. Les blocs subséquents sont placés en suivant le tracé. Une fois la première rangée complétée, l’inuit taille les blocs en biseau, et grâce à cette inclinaison, les autres blocs pourront être disposés en spirale continue jusqu’à la clef de voûte. Fixée depuis l’intérieur, cette clef de voûte donne toute sa résistance à l’igloo et doit être taillée et ajustée finement. L'Inuit, prisonnier de sa construction, taille une ouverture près du sol en guise de porte.

 

L’igloo est conçu de manière à ce que l’entrée soit plus basse que l’aire de vie, le iqliq. Cette tranchée, appelée le natiq, servira aussi, dans sa prolongation, de réserve pour la nourriture. Le niveau inférieur pouvant atteindre -20°C lorsqu’il fait -40°C à l’extérieur, la zone surélevée peut atteindre 16°C dans les meilleures conditions.

 

Taillé à même une pierre à savon, le qulliq est un outil proférant à l’inuit sa seule source de lumière et de chaleur. On se sert d’huile de phoque comme carburant et d’une mèche de coton d’Arctique pour initier la combustion. Avec cet outil, les inuits réchauffent l’igloo pour ensuite faire diminuer sa température. Ce procédé permet d’obtenir une couche de glace sur la surface intérieure et solidifie davantage l’igloo. Le qulliq sert également à la cuisine et au séchage des vêtements. Au-dessus, on confectionne parfois une structure en bois pour y suspendre casseroles et théières.

 

Une fois l’igloo terminé, les murs sont recouverts de peaux. En plus d’ajouter une couche d’isolation, cela permet d’éviter le ruissèlement de l’eau, lorsque les blocs commencent à fondre. C’est aux femmes que revient la tâche de configurer l’intérieur qui doit se faire selon des rituels bien précis.

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