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Prototype d’Anaktuvuk Pass

Maquette et recherche par

Sophie Lalonde & Alexandre Mcleod

 

 

TERRITOIRE

Reconnu pour être l’un des villages les plus froids de tout l’Alaska, Anaktuvuk Pass est la résidence de la communauté des Nunamiuts, totalisant 312 habitants. Comme partout ailleurs en Arctique, leurs résidences ne sont en aucun cas adaptées pour le climat nordique et éprouvent des lacunes au niveau de la ventilation, de l’étanchéité à l’air et des problèmes de moisissures. Puisque l’avion demeure l’unique moyen de transport pour atteindre le village, le coût des nouvelles habitations est démesuré et l’absence de travailleurs qualifiés pour les construire induit une pénurie de logements directement liée à une surpopulation de ceux-ci.

 

MODE DE VIE ET COMMUNAUTÉ

Les Nunamiuts appartiennent à la famille autochtone des Inupiats, un peuple semi-nomade occupant la partie nord et nord-est de l’Alaska. Ayant toujours vécu de la chasse aux caribous sur un mode de vie nomade, ce n’est que depuis le dernier centenaire que le petit groupe s’est établi à Anaktuvuk Pass.

 

COLD CLIMATE HOUSING RESEARCH CENTER

En 2008, la communauté accueillait l’organisme à but non lucratif, le Cold Climate Housing Research Centre (CCHRC) qui a pour mandat de développer et de valider de nouvelles technologies de construction écoénergétique pour les zones arctiques. Leur projet pour Anaktuvuk Pass était donc bien clair : concevoir une habitation qui correspondrait avant tout aux besoins et à la culture de la communauté en plus d’être facile à construire, abordable, durable et écoénergétique.

 

CONCEPTION

Pour y arriver, le CCHRC a misé sur un processus de conception participatif où les résidents ont pu communiquer leurs intérêts, leurs attentes et leurs besoins à l’égard du projet. Par la suite, il a été décidé que l’aménagement intérieur serait divisé en trois zones. La première, plus froide, inclurait un garage et une pièce de conservation des aliments. La deuxième, gardée à une température plus fraîche, correspondrait au vestibule et servirait d’espace tampon entre l’intérieur et l’extérieur. La dernière zone inclurait tous les espaces de vie, maintenus à une température chaude et confortable. On y retrouverait une cuisine ouverte sur un salon et une salle à manger, ainsi que trois chambres fermées.

 

VALIDATION DU PROTOTYPE

Suite à cette étape conceptuelle, un prototype à échelle réduite fut construit en octobre 2008 pour expérimenter les technologies disponibles dans les conditions circumpolaires du territoire. Il a, entre autres, permis de valider et de perfectionner la conception de l’enveloppe. La construction du prototype à échelle réelle fut réalisée pendant l’été suivant, sur une période de six semaines. Une fois la résidence terminée, certaines de ses parties furent enterrées sous une importante couche de terre. Cette technique, favorisant l’isolation, reflète le savoir-faire et la culture traditionnelle retrouvée dans les habitations typiques des Nunamiuts. L’utilisation d’une forme traditionnelle pour la maison permet également un meilleur écoulement de la neige et de la pluie traînées par les bourrasques de vent. Dès lors, la résidence fut occupée par une famille nunamiut afin de compiler des mesures occupationnelles, valider les théories et apporter des correctifs aux prochains modèles.

 

CONSTRUCTION AUX CONFINS DE L'ARCTIQUE

Pour sa légèreté liée au transport, une fondation en structure métallique fut priorisée et installée sur une couche compacte de deux pieds de gravier concassé. Préalablement, une membrane synthétique fut installée et pour permettre une désolidarisation entre le sol et le projet. De l’isolant de polyuréthane giclé a ensuite été pulvérisé entre les interstices de la structure. Les murs, composés de colombages métalliques, furent recouverts de contreplaqués sur leur côté extérieur. Ce dernier a pu servir de support à l’isolant giclé de 9 pouces. L’ensemble de l’isolation a ensuite été recouvert par une couche protectrice d’élastomère liquide. La structure du toit, différente de celle des murs, est constituée de fermes en bois préfabriquées. Une fois étanche, de la tourbe est appliquée sur la toiture pour ajouter une valeur isolante.

 

Sélectionnées en fonction de leur durabilité et de leur légèreté, l’ensemble des composantes de la maison ont pu être livrées en un seul voyage.

 

STATÉGIES ÉCOÉNERGÉTIQUES

La source principale de chaleur étant obtenue par l’huile de chauffage, l’énergie solaire et éolienne ainsi qu’un foyer à bois agissent, comme système d’appoint à la résidence dans l’optique d’apporter de nouvelles pratiques à la communauté. Pour assurer le bon déroulement de cette initiative, la transmission du savoir, des compétences et des spécificités de chacun des systèmes est nécessaire, explique le CCHRC. Avant tout, il faut garantir la participation et le bon vouloir des occupants des futures habitations afin de maximiser la réussite de tel projet.

 

Couplée à un système de ventilation standard, la stratégie employée pour la ventilation naturelle de l’habitation est issue d’une technique traditionnelle, surnommée Qingok, élaboré sur le principe de l’effet de cheminée.

 

Enfin, bien que le prototype n’inclut aucun récupérateur de chaleur (ce qui serait fort souhaitable), il accuse tout de même une réduction de sa consommation énergétique de 73% par rapport aux autres habitations du secteur.

 

Les répercussions bénéfiques obtenues pour la communauté d’Anaktuvuk Pass ont causé un gain d'intérêt de la part d'autres communautés de l'Alaska. Ce faisant, le CCHRC a participé à l'élaboration d'autres prototypes, notamment à Quinhagak en Alaska.

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